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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 09:43

Avec l'été vient l'heur de l'apaisement !

C'est aussi l'occasion de s'attaquer à cette pile de livres entassés sur son chevet et dont chaque ouvrage a été judicieusement placé là, en attente de disposer, un jour ou l'autre du temps nécessaire et suffisant pour s'y consacrer et que l'on espère toujours très proche.

Nous y voici donc !
 

La première lecture est le dernier livre de la journaliste canadienne anglophone Naomi Klein intitulé "La stratégie du choc" et sous titré : "La montée d'un capitalisme du désastre"*. Celle-ci s'était déjà illustré avec un livre précédent , "No Logo",  qui avait reçu un excellent accueil et qui décrivait par le menu détail la stratégie des firmes multinationales dans le monde et ce que cachaient véritablement les marques, ces nouveaux sésames de l'identification personnelle et sociale de l'univers consumériste! Ces nouveaux drapeaux du capitalisme transnational qui font fi de la loi des Etats et qui méprisent autant les peuples que les  luttes qu'ils ont menées pour leur émancipation politique, économique et sociale !

Avec "la Stratégie du Choc", N. Klein va encore plus loin. Cette fois-ci elle tire plus largement les conséquences de ses observations précédentes qui la conduisent à une réflexion plus générale. En clair,  la "révolution conservatrice" néo-libérale ne peut s'accomoder d'une démocratie mûre et bien vivante. Pour les défenseurs du libéralisme économique,  les lois de l'économie sont des lois naturelles donc incontournables. Tout caractère social leur est absolument dénié.

A toute crise doit donc correspondre un traitement de choc que les instruments de régulation (lois et règlements qui encadrent et limitent la puissance des marchés) empêchent de mener à bien. C'est pour cette raison que les offensives menée par la révolution néo-conservatrice contre la redistribution équitable des richesses aboutit systématiquement à la remise en cause des instruments de la régulation économique, dans un premier temps mais aussi à l'essence démocratique des institutions qui font obstacle à "l'assainissement" des marchés. Au premier rang de ceux-ci on trouve l'Etat et le principe de souveraineté, mais dans la foulée, les principes élémentaires de la démocratie politique et sociale (élections, constitution, droit syndical et droit du travail etc.).

Il lui faut donc créer un choc qui justifie que la démocratie soit pour tout ou partie limitée. Que cela soit à titre exceptionnel et pour une durée tout autant exceptionnnelle, le temps du rétablissement des "fondamentaux" économiques. Ce choc, au gré de l'histoire, peut prendre diverses formes commes celles du  coup d'Etat, la catastrophe naturelle, les actes terroristes, les conflits militaires, le changement de régime etc. Mais ce peut être aussi le prétexte d'une catastrophe naturelle comme un tsunami ou une tornade dont les dégâts fracassé l'économie nationale pour mener cette thérapie de choc !

Les économistes dits de "l'Ecole de Chicago" (Milton Friedman et consorts dits néo-classiques et monétaristes) furent les inspirateurs de ces théories économiques.

Celles-ci ont systématiquement été reprises par toutes les élites du monde occidental et bien au-delà, au premier rang desquelles l'Administration américaine, de Reagan à Bush et en Europe de Margareth Thatcher et de tous les gouvernemens européens depuis qu'ils soient libéraux ou socio-démocrates, de droite comme de gauche, d'Europe occidentale ou d'Europe de l'Est.
 
La Commission européenne, imprégnée de cette culture économique et politique fait pression sur tous les gouvernemetns du continent pour les soumettre au diktat de la pensée unique des néo-libéraux. En dehors, point de salut !

A cet effet , N. Klein illustre à force d'exemples pris sur l'ensemble de la planète les ravages de cette école de pensée et des politiques qu'elle continue d'inspirer : Chili, Argentine, Brésil et Paraguay, Grande-Bretagne, Pologne, Russie et Afrique du Sud, Sri Lanka, Allemagne réunifiée, France, Etats-Unis etc.

Les résultats sont visibles : délocalisations, transferts de technologies, privatisations en masse des biens de la collectivité publique, précarisation généralisée du travail et renforcement des pouvoirs patronaux, réduction drastique de la protection sociale, croissance en berne, inégalités sociales accrues, développement de la misère de masse, accroissement du poids de la dette publique, externalisation et privatisation des services publics etc...

En clair tout est organisé pour que l'essentiel des décisions économiques soient concentrées entre les mains des sociétés transnationales, en mesure de faire la pluie et le beau temps contre la souveraineté des Etats, souvent avec la complicité des superstructures étatiques comme l'OMC, le FMI, la Banque mondiale ou la Commission européenne.

Cette politique fait des ravages. Et chaque jour vient nous montrer qu'elle a échoué puisque  le chômage de masse est persistant et que la croissance économique piétine voire s'enfonce. 

À chaque fois il lui a fallu utiliser des éléments de contexte pour justifier de nouvelles offensives. Sarkozy et son gouvernement ne s'y trompent pas en organisant le déficit de la Sécurité sociale et en accroissant le poids de la dette pour s'assurer d'un Etat mineur et impuissant économiquement et socialement  mais qui casse par la coercition, le droit du travail  dont certaines conquêtes sont ou étaient séculaires pour "créer les conditions" et "libérer la croissance". On sait ce qu'il en est !

N. KLein nous conte cela comme une histoire et comme seuls savent encore le faire les journalistes d'investigation nord-américains. Son livre fourmille d'exemples et décrit par le menu et en toute simplicité des phénomènes complexes en les truffant d'exemples et de sources incontestables (et incontestées !).

En mettant ainsi à la portée de tous l'ensemble de ces questions, elle signe un acte de résistance qu'il convient de saluer et au lecteur de se saisir pour mieux interprêter et déchiffrer la réalité des informations que les médias industriels lui administrent quotidiennement. 

Avec ce livre, le lecteur comme le militant de gauche en sortent à la fois meurtris par l'ultra-violence de ce "capitalisme du désastre" mais aussi ragaillardis par la conscience que désormais ils en ont acquis pour mieux mesurer la place et la valeur de leurs engagements !



                                                      *     *     *

Après ces momments agréables, il conviendra de se plonger dans la lecture des contributions au congrès du Parti socialiste.

Au-delà de leur aspect rituellique, tout esprit sensé se doit, en les lisant, d'en apprécier l'étendue du contenu idéologique des différents courants du premier parti d'opposition. C'est toujours plus enrichissant que les petites phrases qui font le miel de la presse écrite ou radio-télévisée !





* :  "La stratégie du choc" par Naomi Klein: Essai traduit de l'anglais, publié chez LEMEAC / ACTES SUD - 667pages / 25,00 €.
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